Esther marchait devant le pensionnat, le ciel était sombre, très sombre. L'orage menaçait. Le vent lui souleva les cheveux, enfin si on peut appeler ça soulever, car avec leur longueur, on ne peut guère les soulever. Belle journée pensa t-elle ... Étrange de penser cela diront certains, pas pour Esther, elle aimait la pluie, elle aimait l'obscurité. Elle entra dans le pensionnat, la lourde porte grinça, lorsqu'elle la poussa.
Esther aimait cette bâtisse, sombre et froide, le paradis sur Terre. Elle commença à s'avancer dans le hall, le bruit de ses pas résonnant sur la dureté du sol, lorsqu'une voix l'interpella :
- Hum excusez moi...?
Elle se retourna brusquement, une femme, plutôt jeune se trouvait dans les escaliers. Elles étaient seules dans le hall, Esther cru comprendre que cette phrase lui était adressée. Elle essaya de rester calme, elle détestait parler avec des gens, et encore plus lorsqu'on la dérangeait dans ses pensées. Mais bon c'était une belle journée, et personne ne pourrait lui gâcher. Ou alors elle saurait s'occuper de la personne en question. La jeune femme reprit la parole :
- Sais-tu où se trouve les chambres des professeurs, je suis nouvelle.
A cette question, Esther eut un sourire, mais tellement léger, que personne n'aurait pu le remarquer. Une perdu, se dit elle. Elle réfléchit quelques instants, elle avait bien envie de la laisser se perdre. Aujourd'hui, elle était de bonne humeur, le temps sûrement, et mis à part si elle la cherchait, elle ne ferait aucun mal à cette jeune professeur. Pas directement en tout cas. Après quelques instants de réflexions, elle regarda la femme et lui dit :
- Il me semble qu'il faut monter, tourner à droite, et ensuite vous devriez y arriver. Je ne connais pas très bien cet endroit du pensionnat, je ne suis encore qu'une étudiante. Faites attention à vous, on peut parfois faire de mauvaises rencontres par ici.
Son sourire s'accentua à l'idée des mauvaises rencontres. Il est vrai qu'elle faisait souvent partie de ces "mauvaises rencontres" mais aujourd'hui elle n'avait pas soif. Pauvre femme ,pensa Esther, le sourire aux lèvres.