Shiki, gardien aux ailes noires

S'arrêtant un court instant avant d'aller plus loin, Shiki leva les yeux sur l'immeuble désaffecté qui lui faisait face. Son regard pourpre sombre ne trahissait aucune émotion, si ce n'est une détermination à toute épreuve. Il baissa finalement la tête pour fixer l'entrée du bâtiment et marcha vers son destin.
Alors que le vigile qui surveillait les portes s'avançait vers lui un bras en avant, ayant sûrement remarqué le danger potentiel que représentait le jeune homme, Shiki dégaina son sabre et accéléra légèrement l'allure, arrivant rapidement à hauteur de l'homme. Avant que ce dernier n'ait le temps d'esquisser le moindre geste de défense, le brun coupa net le bras qui se tendait vers lui et donna un coup dans les genoux de l'individu, qui s'écroula en poussant un hurlement de douleur. Shiki s'accroupit à côté de lui et plaqua la main libre qu'il lui restait sur sa gorge, resserrant sans pitié, étouffant au passage un autre cri de sa victime.

- Maintenant, tu vas arrêter de couiner comme un porc et tu vas gentiment me donner le code pour entrer, lança-t-il d'une voix glaciale et calme.

Il resserra sa pression un court instant pour bien faire comprendre au garde que sa vie ne tenait qu'à un fil. L'homme à terre fit mine d'acquiescer comme il le pouvait et Shiki réduisit la pression sur sa gorge. Il toussota d'abord quelques instant avant de lancer un regard noir au brun qui avait le dessus.

- Tu ne rentreras jamais, pourriture ! lui cracha-t-il au visage.

Shiki le fixa pendant un court moment avant de fermer les yeux et de soupirer.

- Mauvaise réponse, répondit-il simplement, symbole du calme avant la tempête.

Il prit son sabre et en apposa la garde sur la gorge de l'homme, appuyant brusquement, lui écrasant la trachée. Le vigile mourut sur le coup, et Shiki se releva, imperturbable, s'arrêtant juste devant les portes qu'il contempla brièvement avant de planter le bout de sa lame dans le dispositif du verrouillage de la porte sur le mur, le détruisant net. Les portes ne s'ouvrirent pourtant pas, et Shiki attendit immobile devant elles. Il n'eut pas à patienter très longtemps car ce qu'il avait imaginé arriva plus vite que prévu. Un sourire froid apparut sur ses lèvres en entendant des pas à travers les portes. Celles-ci s'ouvrirent à la volée, laissant place à quatre hommes armés, sur leurs gardes, qui avaient dû être alertés par les hurlements de douleur de leur collègue. Shiki, qui n'attendait rien d'autre que cela, se jeta sur eux à une vitesse incroyable. Être vampire avait bien des avantages.
Il trancha la tête des quatre subalternes avant qu'ils n'aient eu le temps de réagir et s'engagea dans le couloir sans un regard en arrière. Un coup de feu retentit pourtant derrière lui, sûrement dû à un des pistolet chargé qui venait de tomber par terre. Cela ne dérangea pas le brun, au contraire : d'autres hommes seraient alertés et viendraient d'eux-même à sa rencontre.
Son intuition était la bonne puisque bientôt, d'autres gorilles arrivèrent et se précipitèrent sur lui. Shiki voulait prendre plaisir à les tuer et il se retint donc d'agir avec la vitesse extrême dont il était capable. Il courut donc à une allure humaine vers eux, l'effet de surprise lui donnant quelques secondes d'avance. Il ferma donc les yeux, saisit son sabre de ses deux mains et ne faisant plus qu'un avec lui, il entama une sorte de danse de la mort destinée à ne laisser aucun survivant derrière lui. Certaines des balles le touchèrent mais il n'en avait même pas conscience sur le moment. Il n'avait qu'une seule chose en tête : tous les tuer. Il leur ôta la vie un par un, imprimant dans sa tête chaque visage crispé d'horreur, chaque bruit d'os brisé, de chair arrachée. C'était sa vengeance, et il comptait bien en profiter jusqu'au bout.
Dès qu'il eut finit avec ce petit groupe d'homme, il continua d'avancer encore et encore à travers les différents couloirs, tuant tous ceux qui croisaient son chemin, ouvrant toutes les portes intérieures devant lesquelles il passait pour être sûr de n'oublier personne. Il finit par atteindre le premier étage où il continua sa traque acharnée. Les hommes qu'il rencontrait, malgré le fait qu'ils côtoyaient la mort tous les jours et qu'ils n'étaient plus censés craindre quoi que ce soit, semblaient impressionnés par cette figure sombre au regard intense qui avançait vers eux, ne se souciant pas de ses blessures et encore moins de tout ce sang qui lui avait giclé dessus. Son expression neutre contrastait largement avec la fureur qu'exprimait son regard. Rien ne pouvait l'arrêter.
Ratissant l'immeuble et les tuant tous les uns après les autres, Shiki finit donc par arriver tout en haut, au cinquième. Il poursuivit son carnage à travers tout l'étage avant de se retrouver devant les deux dernières portes qui devaient donner sur le bureau de leur chef. Tu ne m'échapperas pas cette fois..
Il accéléra l'allure alors qu'il avançait vers le but ultime de sa vengeance. Il donna un grand coup de pied dans la porte qui n'offrit aucune résistance. S'attendant à trouver un monde fou prêt à protéger le boss, Shiki se mit en position d'offensive directement, mais cela ne servit à rien, ils n'étaient que quatre dans la pièce. Les deux hommes les plus proches se placèrent face à lui, lui barrant la route, protégeant de leur corps les deux hommes derrière eux qui semblaient plus importants. Le brun jeta un coup d'œil rapide à celui qui venait de se lever de son siège de dirigeant et le reconnut tout de suite : il avait enfin atteint son but et personne ne pourrait plus l'empêcher de prendre plaisir à tuer cet homme.
Alors qu'il s'apprêtait à se jeter sur eux, les deux hommes de devant dégainèrent chacun un sabre et les pointèrent vers Shiki, tandis que les deux hommes derrière eux firent mine de s'échapper par une porte au fond de la pièce. Le jeune homme émit un bruit de dédain, et utilisa sa vitesse de vampire pour que sa proie ne s'échappe pas. Il tua donc plus rapidement encore que tous les autres les trois subalternes et fit basculer le boss en avant dans sa course. Il pointa le bout de son sabre juste sous le menton de celui qui avait bousillé sa vie. L'homme semblait apeuré au plus haut point et hurla, appelant au secours.

- Je t'ai enfin retrouvé.. souffla le jeune homme d'une voix pleine de rancœur, plus pour lui-même que pour l'autre.

Il prononça ces paroles en enfonçant la pointe de sa lame doucement dans la gorge de l'homme. Celui-ci couina de douleur et tenta de reculer pour échapper à son bourreau. Le brun s'en aperçut et il sentit la colère embraser son corps.

- Tu n'imagines même pas à quel point j'ai attendu ce moment, lâcha-t-il sans desserrer les dents une seule seconde. Te retrouver est devenu l'unique but de ma vie, et quand j'arrive à te mettre la main dessus et à t'avoir à ma merci, c'est sur CA que je tombe.. ? Je m'attendais à un véritable chef de gang, qui affronterait la mort en face, qui la regarderait venir, et à la place, je tombe sur une larve rampante qui ne fais que se tortiller de douleur et appeler au secours.. Lamentable.

Sur ces mots, il avança d'un pas vers sa victime et écrasa violemment son pied sur son genou, lui brisant net la jambe. L'homme hurla de douleur et regarda sa jambe d'un air horrifié, les larmes aux yeux. Sortant un petit poignard qu'il gardait dans une de ses bottes, Shiki se pencha légèrement en avant pour pouvoir atteindre le visage de l'homme.

- Tu bouges et je te tue, lança-t-il en le voyant se crisper sous lui.

Alors qu'il gardait sa lame prête à l'emploi, il approcha le poignard des joues du chef déchu et commença à les lui taillader, prenant tout son temps pour une blessure. Une longue balafre orna bientôt le visage de sa victime, suivie très rapidement par une deuxième. Bien sûr, il bougea et tenta de se débattre, allant contre l'indication du jeune homme, mais ce dernier maîtrisa sans peine son adversaire et prit même grand plaisir à le voir se tortiller sous les blessures que lui-même lui infligeait.
Ayant fini cela, Shiki se releva sans prévenir et partit dans un rire glacial et effrayant, dénué de tout sentiment de compassion. L'homme en profita pour tenter de fuir, croyant avoir une ouverture. La réaction du brun ne se fit pas attendre, et tandis que l'homme se trouvait à quatre pattes, pensant se diriger vers la porte de derrière, il se plaça au-dessus du fugitif et lui prit le bras, le tirant en arrière, comme pour lui mettre des menottes, sauf qu'il tira volontairement trop et qu'un bruit de chair arrachée se fit entendre dans le silence de mort ambiant, suivi d'un cri d'agonie déchirant.

- Oh, je me suis emporté je crois, souffla-t-il calmement, contrastant totalement avec l'horreur de l'acte qu'il venait de commettre.

L'homme à terre ne cessait plus désormais de crier, tentant de ramper encore et encore vers la sortie possible qu'il croyait. Shiki le laissa faire un instant, sachant pertinemment qu'il n'avait strictement aucune chance de s'échapper avec une jambe cassée et un bras en très mauvais état. Se lassant vite pourtant de cette vision qui lui retournait l'estomac, il se décida donc bientôt à l'achever. Il redressa la lame de son katana et saisit la garde à deux mains, rejoignant doucement sa victime. Ce dernier ne s'aperçut de rien, continuant d'avancer, délirant à moitié.
Shiki arriva bientôt sur lui et ne fit pas traîner les choses. Il releva légèrement sa lame avant de l'abattre, lui donnant juste assez d'élan. La tête de l'ex-chef du clan Yamaguchi roula à terre jusqu'au centre de la pièce : le visage de l'homme s'était figé sur un rictus de douleur affreux. Le jeune homme se baissa une dernière fois, essuyant sa lame sur un des pans de la veste du-dit homme. Il se releva, lui tourna le dos, et partit sans un regard de plus. Il descendit les étages sans se presser, ne prêtant aucune attention aux cadavres qui gisaient sur son passage. Il finit par sortir de l'immeuble, s'arrêta un instant avant de ranger son katana dans son fourreau, levant les yeux au ciel tandis qu'une averse débutait.

- Je t'ai vengé, Akira.. murmura-t-il simplement.

Il resta un instant sous la pluie battante puis repartit comme si rien ne s'était jamais passé, laissant le carnage qu'il venait de faire derrière lui.